| LETTRE D'INFO de NAPOLEON.ORG n° 606 2 - 8 décembre 2011
PRIX PREMIER EMPIRE 2011
Michel Dancoisne-Martineau, Chroniques de Sainte-Hélène Atlantique sud, Editions Perrin
Octobre 1815, Napoléon et sa suite, avec la garnison anglaise chargée de sa surveillance, débarquèrent sur un îlot rocheux et inaccessible de l'Atlantique sud. Dès lors rien ne sera plus pareil pour la colonie dont la petite histoire tranquille et entêtante fut bousculée par l'irruption inattendue de la grande. Cette dernière est désormais bien connue. Michel Dancoisne-Martineau en prend le contre-pied, en entrant dans l'intimité de ceux qui ont été mêlés, parfois de très loin, aux affaires de la retentissante captivité : voici, outre le terrible Hudson Lowe, le très original révérend Boys, le « juif » Solomon, l'impertinente Betsy Balcombe, le maître d'hôtel Cipriani, les esclaves employés sur l'île, les Chinois de la Compagnie des Indes, les prostituées de la prison, et tout un microcosme digne de la comédie humaine, battu par la mer, assommé par l'isolement et l'inaction, tandis que passent, en fond de tableau, les premiers rôles et l'ombre fugitive du Grand Homme Autant de scènes de genre qui recréent ce que l'historien a toujours du mal à saisir, l'air et le goût du temps.
IL Y A 200 ANS: Napoléon sur l'histoire
Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, dicté à Las Cases, Napoléon fait mentionner le 20 novembre 1816 : « Mais qu'est alors cette vérité historique, la plupart du temps ? Une fable convenue… »
L'idée de l'importance de l'histoire, et de la nécessité de préserver pour la postérité des événements glorieux de son existence, ne fut pas seulement une caractéristique des années d'exil à Sainte-Hélène, mais plutôt une idée qu'il a portée en lui durant sa vie.
Le 30 novembre 1811, préoccupé de l'immortalisation de ses grands succès militaires, il écrivit à Alexandre Berthier, le Prince de Neuchâtel :
« Comme major général de la Grande Armée, vous devez une relation de tous les événements des campagnes d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, de Friedland, et de celles d'Eckmühl et de Wagram; vous n'avez cependant fait aucune relation. Il est nécessaire que vous vous occupiez sans relâche de ce devoir, et que vous y employiez quatre ou cinq heures par jour ; sans quoi, il ne restera rien de ces campagnes. Les bulletins faits à la hâte sont insignifiants, et aucune pièce ne s'y trouve. Il faudrait d'abord faire imprimer une collection de ces bulletins, en les retouchant, en faisant disparaître les choses qui ont été reconnues fausses, en corrigeant quelques fautes de style. [...] » [Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Lettre n ° 18,297, du 30 novembre 1811, de l'édition établie par le Second Empire]
Pour Napoléon, laisser un récit précis et circonstancié d'une bataille pour un officier était un devoir incontournable et que la clé du succès pour un souverain était de s'assurer que chaque événement soit remémoré correctement.
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